Remontée des gorges de la Bhuri Gandaki
Kaji avait modifié les étapes initiales pour sortir de la vallée de Tsum car trop dures pour les porteurs. La descente de Ripchet à Dyang lui paraissait trop longue et accidentée d’où le retour à Lokpa et le choix de dormir à Bihi Phedi, site plus ouvert et plus agréable que Dyang qui plus humide et encaissé.
Étape 10 : de Lokpa à Bihi Phedi ; D+ 725m ; D- 640m ; marche 5h30
Nous descendons rapidement de Lokpa pour rejoindre la Bhuri Gandaki et l’itinéraire du tour du Manaslu. La gorge étroite abrite une végétation luxuriante.
Nous traversons de petits villages (Pewa, Dyang) nichés au fond de cette vallée qui abritent quelques lodges pour la halte traditionnelle du thé matinal ou un bon repas. La décoration de la salle à manger du « New Manaslu Bamboo Hôtel » est semblable à celle de nos refuges et contraste avec la rusticité de la cuisine, toujours articulée autour du poêle tibétain.
Un sentier monte, qui descend et traverse des failles profondes : plat népalais bien sûr ! Le tracé comportait un petit piège : le chemin qui semblait logique (à plat) passait en fait très bas sous un pont népalais qui s’atteignait par une nouvelle grimpette. Et il a fallu traverser le ruisseau sur des rochers glissants, ce qui a valu un petit bain de siège à l’un d’entre nous ! Mais le lodge à Bihi Phedi offrait douche chaude et bassine pour laver le linge, le top !
Étape 11 : de Bihi Phedi à Namrung ; D+ 985m ; D- 360m ; marche 5h30
La route se poursuit dans une vallée encaissée, sauvage, où chaque terrain plat est exploité pour les cultures ou y implanter de nouveaux lodges. Nous remarquons de nombreux chantiers de construction, signe que cet itinéraire poursuit son développement touristique. Les signes religieux sont toujours très présents, tout autant que le sourire népalais !
Le temps est un peu chargé, lourd et nous avons troqué doudounes et bonnets de la vallée de Tsum contre short et crème solaire pour remonter en douceur cette longue vallée. Après le thé en terrasse à Ghap et une bonne pause de midi au "Jungle Hôtel" nous traverserons le puissant torrent aux eaux claires pour une chaude et humide montée dans une forêt monumentale. Un vrai chemin népalais en escaliers, sur lequel nous avons croisé un chamois et des écureuils, au cœur de cette végétation subtropicale qui projette une débauche de couleurs.
Et si jusqu’à présent nous avions eu l’impression d’être presque seuls au monde, c’est parce que le choix des étapes l’avait permis. Ici, retour parmi les nombreux groupes qui partagent notre route. Namrung est une étape incontournable par sa capacité d’hébergement et son altitude de 2600m qui prépare doucement à s’approcher des hautes vallées.
Étape 12 : de Namrung à Shyala ; D+ 1130m ; D- 300m ; marche 6h
Après les formalités au check point, nous adaptons le rythme pour échapper à la multitude de groupes qui cheminent sur cet itinéraire. Mais nous prenons le temps d’observer le spectacle de la vie rurale offert par une multitude de parcelles où se déroulent la récolte des céréales, le labour et le battage. De nouvelles perspectives se dévoilent au fil des villages traversés. Il faut régulièrement se retourner pour découvrir les pyramides majestueuses du Ganesh et de l’Himal Chuli. Et devant nous commencent à se dresser de grandes faces glaciaires du Ngadi Chuli et du Manaslu, premiers signes du spectacle à venir. Les villageois d’ici vivent rudement mais dans un décor juste fantastique !
Et arrivés à Lho, le Manaslu est là, dressant fièrement ses arêtes effilées et ses tranches de glace. Kaji nous a dégotté LE restaurant panoramique où un excellent Dahl bat fut dégusté en savourant la vue. Difficile de repartir d’un tel endroit, un groupe de Taïwan va d’ailleurs y séjourner, mais le spectacle continue en cheminant vers Shyala. Après le magnifique stupa de Lho, nous franchissons la porte d’un monastère qui domine le village avant de plonger dans la forêt par un nouveau pont suspendu. Nous reprenons la dernière montée sous l’œil attentif d’un troupeau de yaks.
Shyala est un village resté très traditionnel, il garde l’entrée des hautes vallées glaciaires et il y fait cru. Heureusement, un bon poêle réchauffe la pièce et de belles couettes agrémentent notre couchage.
Vers le Larkya La