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Rota Vicentina : 150km le long des falaises de l'Alentejo et de l'Algarve

Fin septembre 2016 : la deuxième partie d'un voyage au Portugal nous amène sur cette côte sauvage qui s'étend au sud de Lisbonne jusqu'à la pointe sud ouest de l'Europe. Nous l'arpenterons par étapes de 10 à 25 km de marche de village en village.

Nous avions choisi cette région pour conjuguer la randonnée itinérante à la découverte de sites encore sauvages. Nous n'avons pas été déçus avec une grande variété de paysages malgré l'aspect apparemment rectiligne de la côte. En réalité, elle présente de nombreuses pointes, criques, plages et ilots rocheux où viennent se fracasser les vagues qui rompent toute monotonie.

​En dehors des villages qui ressemblent à de petites stations balnéaires peu occupées à cette saison, une nature sauvage ou des cultures. Les chemins traversent quelques hameaux isolés et passent sous des tunnels de bambous ou d'eucalyptus. Le parcours suit un relief varié car chaque vallon est encaissé et nécessite soit un détour soit de descendre et remonter le versant opposé. Bref, une marche tranquille mais sportive avec plusieurs jours en terrain sablonneux.

Le mode itinérant n'offre pas toujours la lumière idéale pour photographier les paysages. Le petit vent de nord a maintenu un ciel parfaitement dégagé et une brumisation de l'écume moins avantageux pour les prises de vue. Mais c'était parfait pour randonner et cela ne nous a pas empêché de ramener quelques images sympas.

Un très beau parcours, un excellent accueil, de la bonne cuisine, bref 8 jours de plaisir dans une région qui sait préserver un équilibre entre l'agriculture, la préservation de son patrimoine naturel et la fréquentation touristique.

Etape 1 : de Porto Covo à Vila Nova de Milfontes

Comme la plupart des villages qui seront traversés, Porto Covo est bien calme en cette fin septembre. Le sentier longe quasiment toujours l'océan et offre une première immersion dans ces paysages de côte rocheuse abritant d'innombrables plages de sable fin. La dune est recouverte des fameuses griffes de sorcière qui offrent des jeux de couleurs chatoyantes. Première journée de marche sur un sentier sablonneux, bien éprouvant pour les chevilles mais enchanteur pour les yeux (et l'appareil photo). Nous croiserons peu de monde. L'arrivée à Vila Nova de Milfontes nous fait découvrir ces bâtisses bleues et blanches typiques de cette région.

Etape 2 : de Vila Nova de Milfontes à Almograve Longueira

Vila Nova de Milfontes est un de ces villages situés à l'estuaire d'un petit fleuve côtier, propice à la pêche à pied et qui impose au randonneur des détours parfois longs pour retrouver le bord de mer. Nous retrouverons les griffes de sorcière en fleurs, prétexte à des pauses photo.

Et comme l'étape est plus courte, la baignade s'impose sur une de ces plages désertes dans une eau encore tempérée en cette fin d'été. Merci à ceux qui ont judicieusement disposé la bouteille plastique sous une petite source qui goutte dans la falaise et offre une bonne douche d'eau douce avant de reprendre la marche. Nous croisons là un jeune couple d'allemands que nous retrouverons au fil des deux étapes suivantes.

Almograve présente des constructions typiques de l'invasion arabe du VIIIème siècle et le nom de ce village puise aussi ses sources dans cette occupation. Le style des petites églises et le coq nous ramènent dans plus pure la tradition portugaise.

Etape 3 : de Almograve à Zambujeira do mar

Cette étape est magnifique mais un peu ardue : 22 km de marche dans le sable des dunes sous un soleil de plomb malgré un départ matinal. Nous avons apprécié le sac léger mais bien approvisionné en eau. La côte affirme son caractère rocheux avec des falaises très découpées et ornées des strates qui constituent ce plateau continental balayé par les vagues et les vents. A chaque détour de sentier se dévoilent les palettes des ocres qui décorent les dunes et les falaises. Nous rencontrons de magnifiques libellules rouges dans les zones de cultures avant de rejoindre Zambujeira qui domine l'océan. Là encore, des maisons colorées bordent les rues qui nous guident vers la plage fréquentée par quelques surfeurs au soleil couchant.

Etape 4 : de Zambujeira à Odeceixe

C'est la dernière partie du sentier des pêcheurs tracé en continu. Il s'écarte parfois de l'océan à cause d'effondrements de falaise et traverse des zones de végétation dense. Chaque retour en bord de mer est un enchantement. L'arrivée sur l'estuaire de la Ribeira de Ceixe offre une vue somptueuse sur ces drôles de méandres qui en font un site si particulier, prisé pour sa plage baignée à la fois d'eau douce et d'eau de mer.

Odeceixe est une petite ville nichée à quelques kilomètres qu'il faudra parcourir sur la route heureusement peu fréquentée à cette époque. Là encore, maisons blanches bordées de tous les tons de bleu ou de jaune. Et c'est là que nous avons rencontré les hôtes les plus charmants : un couple de personnes âgées, qui nous attendaient pour nous faire choisir la chambre d'une décoration démontrant toute les attentions portées aux voyageurs. Et le petit déjeuner était à la hauteur !

Etape 5 : de Odeceixe à Aljezur

C'est la première étape qui emprunte majoritairement le chemin historique avec une variante par le circuit de la plage d'Amoreira pour revenir vers la mer. La rando longe le canal d'irrigation, itinéraire aussi emprunté par les VTT, à travers un paysage plat et parfois un peu monotone. Après un ravitaillement en eau à l'épicerie de Rogil, nous bifurquons plein ouest pour rejoindre la côte et retrouver ses roches très graphiques et ses plages sauvages. L'arrivée sur une nouvelle embouchure de fleuve côtier se poursuit par la traversée d'une belle plage et une pause bien méritée sur la terrasse d'une paillote. Le parcours se termine dans des bois d'eucalyptus et des champs avant de trouver notre auberge de jeunesse accueillante et anglophone, comme beaucoup de structures d'accueil dans cette région.

Etape 6 : de Aljezur à Arrifana

Nous suivons le chemin historique à travers des vallons plantés d'eucalyptus avant de prendre la boucle de Ponta da Atalaia et sa superbe plage qui sera le cadre d'un pique nique attendu suivi d'un café dans petit bar de bord de mer. Nous pénétrons dans des paradis pour surfeurs et le village d'Arrifana semble être totalement dédié à cette activité. Ici, l'accueil est majoritairement anglophone et notre hôtesse Kate est une anglaise venue s'établir pour recevoir les voyageurs dans sa splendide villa. La soirée débute en observant les surfeurs qui glissent jusqu'à la tombée de la nuit et se termine en dégustant du poisson et des fruits de mer excellents, souvent grillés ou cuisinés à "bras" comme nous en aurons trouvé dans toute cette région.

Etape 7 : Circuit Pontal de Carrapateira

Afin de reposer nos chevilles éprouvées par des kilomètres de sentiers sablonneux, nous décidons de faire marcher le réseau de taxis et d'accompagner notre bagage jusqu'à Carrapateira où nous passerons la nuit. C'est donc de bon matin que nous sommes déposés au départ de cette boucle de 7 km qui laissera du temps pour la baignade, la photo et simplement pour profiter du lieu. Nous restons une bonne partie de cette journée sur la plage d'Amado investie par les écoles de surf. Après un parcours assez rapide le long d'une côte déchiquetée, la plage de Bordeira s'avère bien accueillante mais aussi bien ventée pour le bonheur des débutants en kyte-surf. Carrapateira dispose d'un moulin à vent typique de cette région qui s'est aussi dotée de grands parcs d'éoliennes un peu moins esthétiques.

Etape 8 : de Vila do Bispo à Cabo Sao Vicente

Un nouveau saut de puce en taxi nous amène à Vila do Bispo pour notre dernière étape. Nous les avions déjà remarquées dans les villages précédents mais ici c'est le summum : les cheminées de l'Algarve. Elles sont le produit de cinq siècles d’occupation mauresque. Il n’y a pas deux cheminées identiques car les décorations dépendaient toujours de la durée de leur construction et de la richesse du propriétaire

Cette dernière étape combine chemin historique et sentier des pêcheurs. Après quelques détours vers des belvédères surplombant les falaise, nous traversons un plateau venté jusqu'au Cap Saint Vincent et son phare. C'est le point le plus au sud-ouest de l'Europe. Et entre deux bus, une baignade bien agréable sur une plage abritée de Sagres conclura ce périple.

Alors, bon voyage...

Info
Infos pratiques

L'offre d'hébergement est variée (hôtels, B&B, pensions, auberges de jeunesse) avec des tarifs raisonnable variant de 30 à 60€, petit déjeuner pas toujours inclus mais facile dans un bar voisin.

Notre bagage nous a précédés en taxi, pour un coût de 15 à 20€, versés en toute confiance à nos hôtes le matin avant le départ. Ce coût a parfois été partagé avec d'autres marcheurs qui passaient la nuit au même endroit que nous. Cette formule impose de réserver les nuitées à l'avance mais offre l'avantage du sac léger pour la journée.

Chaque étape est parfaitement décrite et téléchargeable sur le site officiel de la Rota Vicentina. Deux itinéraires majeurs ont été aménagés et balisés :

- le chemin historique, qui traverse des terres agricoles, à voir plutôt au printemps

- le sentier des pêcheurs qui longe la côte et qui sera notre choix pour ses falaises, ses plages sauvages et sa végétation particulière.

Notre point de départ : Porto Covo, qui se rejoint facilement en autocar depuis Lisbonne (Rede Nacional de Expressos)

Notre point d'arrivée : Cap Saint Vincent, avec navette de bus vers Sagres et des cars réguliers pour Vila do Bispo et Faro (EVA Transportes)

Les autocars sont équipé du Wifi

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